Victor Hugo et les territoires de Neptune et de Pluton

Si vos pas vous conduisent, selon la loi du hasard objectif, vers la place des Vosges, n’hésitez pas à faire une halte à la Maison de Victor Hugo où se tient actuellement une troublante exposition intitulée : « Les arcs-en-ciel du noir ». Le commissaire de l’exposition n’est autre qu’Annie Le Brun, gage de sérieux, et d’approches surréelles.

Préparez-vous à entrer dans le pays des songes, là où Victor Hugo (26/02/1802 à 22 h 30 – Besançon. Conjonction Soleil Vénus Pluton en Poissons et Asc. en Scorpion) ne cesse de nous fixer rendez-vous. L’aura de Neptune et de Pluton s’y déploie pour nous obliger à fournir cet effort de l’autre côté du regard, comme l’a si bien exprimé Hugo : « C’est au-dedans de soi qu’il faut regarder le dehors » (Choses vues, 1863). Comment ne pas entendre « raisonner » la voix de Pluton, aussitôt enveloppée par Neptune : « On va et on rêve devant soi. La marche berce la rêverie ; la rêverie voile la fatigue. La beauté du paysage cache la longueur du chemin. On ne voyage pas, on erre. » (Le Rhin, lettre XX, 1842).

Durant cette dérive labyrinthique, l’abandon aux forces de nuit nous renvoie au verbe originel, celui par qui tout est encore possible, car tout reste à créer, perpétuellement. Précisément, à ce point névralgique de la rencontre, nous sentons au plus profond que le jour est une incidence de la nuit. Foin des astronomes qui veulent occulter le prince de l’occulte et du mystère ! Quel plus bel hommage pouvaient-ils lui rendre en orchestrant une telle comédie humaine, et ce, au grand jour ? Pluton rit en eux sous cape. « La bouche d’ombre » si chère à Hugo n’en a pas fini de faire tourner les tables hurlantes.

Merveille de la poésie, sœur de sang étoilée de l’astrologie.

Puis, cette injonction lancée vers les cieux : « La liberté ! Sauvons la liberté ! La liberté sauve le reste. » (Choses vues, 1851). Parole comme un écho à Rimbaud : « La liberté libre. » (20/10/1854 à 6 h – Charleville-Mézières. Opposition Soleil Pluton sur l’axe d’horizon). Ce cri de révolte absolue : « Je juge les juges ; je condamne ceux qui damnent ; plus de glaive ; j’extermine l’échafaud, je combats la guerre, je tue la mort, je hais la haine. » (Océan, philosophie prose, 1860-1865). Neptune Pluton conjugués dans le creuset d’une humanité à sauver de son propre servage par la transmutation alchimique qui fond la poésie et la révolte en une seule et même énergie, celle de la vie dans son éclat clair-obscur.

Enfin, cet aveu sans concession comme le feu d’une hantise accrue dont Hugo s’est fait l’incarnation : « L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir. » (William Shakespeare, I, S, 1-1864). Cet aveu comme une invitation à pénétrer Le phare des Casquets dont la contemplation m’a plongé au cœur de ma propre absence, telle une brèche dans la réalité par laquelle filtre une lumière tempête.

Le phare des Casquets (cliquer pur agrandir)

Une présence transparente n’a cessé de m’accompagner durant cette errance, celle du peintre Pierre Soulages (24/12/1919 à 13 h – Rodez. Né sous une opposition Soleil Pluton). N’est-il pas au fond un enfant céleste de Hugo : « L’encre, cette noirceur d’où sort une lumière. » (Dernière Gerbe, Tas de pierres, éd. posth, — 1856). L’œuvre de Soulages qui fut un choc en mon adolescence. Un choc intellectuel, émotionnel de voir devant mes yeux le territoire d’Hadès irradier de sa lumière le silence du noir. « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. À la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (Pierre Soulages).

Fabrice Pascaud

A lire :
Les arcs-en-ciel du noir – Auteur : Annie Le Brun – Ed. Art et Artistes Gallimard – 19€

À propos de l'auteur : Fabrice Pascaud

Astrologue et tarologue. 40 ans d’expérience. A été membre du comité de lecture de la revue « L’astrologue » fondée en 1968 par André Barbault. A exercé conjointement à son activité d’astrologue et de tarologue, le métier de journaliste durant 23 ans. Ses compétences ont été saluées par 4 étoiles dans le Guide de la voyance d’Anne Placier.

Partagez cet article

4 Commentaires

  1. Ariane Vallet 30 mai 2012 à 11 h 54 min

    Merci pour ce bel article qui donne très envie d’aller visiter cette exposition. Quand le noir se fait lumière !

    • Fabrice 31 mai 2012 à 10 h 41 min

      Merci pour votre commentaire Ariane. En effet, je vous invite grandement à pénétrer cet « infracassable noyau de nuit » qu’est cette exposition.

  2. Stéphane RIEUX 22 mai 2012 à 1 h 55 min

    L’Astrologie prend tout son sens quand elle se fait l’écho de la vie sous toutes ses formes expressives. Très bel article.

    • Fabrice 22 mai 2012 à 6 h 45 min

      Merci Stéphane de ta visite et de ton commentaire. Oui, l’astrologie se doit avant tout d’être une ouverture au monde et par conséquent sur tous les champs d’expressions sensibles.

Les commentaires sont fermés.