Astro-Portraits : Cap sur Vénus

Pour boucler l’année 2021, rien de tel que la beauté, l’art pour nous redonner de la joie et de l’émerveillement. Nous en avons grandement besoin. Aussi j’ai décidé de dresser une galerie de portraits d’artistes (acteurs, chanteurs, musiciens, peintres, écrivains, poètes, etc.) avec comme ambassadrice et guide Vénus. Qui d’autre invoquer en ce sens ? Divisées en plusieurs parties, je vous présenterai des cartes postales astrales, celles-ci n’ont pas pour objectif d’entrer dans une analyse approfondie et détaillée de chaque thème — ce serait trop long et, à la longue, fastidieux à lire. Le but est d’articuler l’étude à partir et autour de Vénus, sans pour autant éliminer d’autres éléments astraux.
Les mots en surbrillance gras renvoient à des liens.

Voici le premier volet. Je vous en souhaite bonne lecture.

ARTHUR RIMBAUD : 20/10/1854 6h à Charleville-Mézières

« Mystique à l’état sauvage » pour Paul Claudel — « Le passant considérable » selon Stéphane Mallarmé — « Shakespeare enfant » pour le monumental Victor Hugo — « Le voyageur aux semelles de vent » pour le compagnon d’âme Paul Verlaine ainsi leur apparut Arthur Rimbaud qui naquit sous la double signature de Vénus : Balance/Balance. Trois astres dans ce signe : Soleil (le cœur) Vénus (la beauté) Lune (l’âme), ces deux derniers au lever : Je sais aujourd’hui saluer la beauté ! Lui qui avait assigné à la poésie le devoir de changer la vie, de ne plus rythmer l’action mais d’être en avant, quelle noble ambition ! Cet élan vénusien se fond dans la tonalité sombre d’une opposition dissociée non loin de l’axe d’horizon Soleil Pluton : « Une saison en enfer », cet adolescent génial, amoureux fou de la liberté libre : opposition Mercure/Scorpion à Uranus/Taureau, toujours attiré vers cet ailleurs : Mercure/Scorpion trigone Neptune/Poissons : La vraie vie est absente. Mais aussi de l’ailleurs intérieur dans « La lettre du voyant » il déclare : Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Ce météore de la poésie achève son œuvre à l’âge de 17 ans, parcourt le monde jusqu’aux fins fonds de l’Abyssinie, et finit sa route terrestre dans un épouvantable calvaire à l’âge de 37 ans à Marseille à l’hôpital de la Conception : Vénus à la fois maître d’asc.(le moi) de la VIII (la mort, les épreuves) et siégeant dans la XII (prison, hôpitaux…). La Lune elle-même almuten de la VIII et de la cuspide du M.C. siégeant aussi dans la XII. Ses dernières paroles à sa sœur avant de mourir furent : J’irai sous terre et toi tu marcheras dans le soleil. (Soleil opposé Pluton, alternance de la lumière et des ténèbres).

PAUL VERLAINE : 30/3/1844 21h à Metz

Né sous une double signature de Mars : Bélier/Scorpion. Nous retrouvons Mars (maitre du Soleil, d’Uranus, de Mercure et de l’asc.) sous la maitrise de Vénus en Taureau conjoint à celle-ci. Cette conjonction Mars Vénus/Taureau signe toute sa sensualité, sa perméabilité à l’appel des sens : carré à l’opposition Lune Neptune, aspect d’une hypersensibilité : Il pleut sur mon cœur comme il pleut sur la ville. La Lune maitre par exaltation de Vénus et Mars culminante en Lion exprime son inspiration et sa poésie humaine, si humaine. Ce Bélier passionné, pas moins de quatre planètes en ce signe : Soleil Mercure Uranus Pluton, tout en extériorisation, en puissance de vie passe aussi par des phases de mélancolie et signe ses « Poèmes Saturniens » par la présence de Saturne maitre de la III (maison liée à l’expression, l’écriture) en cette même maison en Verseau au sextile de la conjonction Mercure Uranus. Cette Vénus/Taureau conjointe à Mars parle aussi de ses blessures, de ses amours malheureuses le conduisant à cet acte dramatique quand, par désespoir, le 10/7/1873 à Bruxelles, il tire deux coups de révolver sur Rimbaud qui l’avait poussé à bout. Il sera condamné à dix-huit mois d’emprisonnement et incarcéré à la prison de Mons. De cette privation de liberté, Vénus (maitre de la XII en Balance) se fait entendre, il retrouve sa foi catholique et rédige des poèmes que l’on retrouve dans : « Sagesse » —« Jadis et naguère » (titres ô combien saturniens !). Dans cette « crise mystique » ressort la symbolique Lune opposée Neptune au double carré Mars Vénus. L’alcool (autre versant en négatif de cette opposition Lune Neptune) et la maladie l’emportent, il meurt à l’âge de 51 ans.

CHARLES BAUDELAIRE : 9/4/1821 15h à Paris

Un thème Bélier aux valeurs maison VIII : le monde infernal, la crise de l’être dans ses abîmes les plus reculés, Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance « L’enfer » de Dante. Vénus s’y trouve encadrée par Jupiter et Mars. Une Vénus en exil en quête éperdue d’amour, de beauté, mais ne pouvant s’empêcher de l’égratigner, de la blesser ce qui donnera naissance aux sulfureuses et belles « Fleurs du mal » qui seront poursuivies pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Baudelaire, le premier des poètes maudits ouvre la voie de la poésie subversive, explorant les zones obscures de la psyché Mercure maitre d’asc. conjoint à Pluton au carré d’Uranus Neptune « Les paradis artificiels », faisant fi de toute morale. Rimbaud a dit de lui dans sa « Lettre du voyant » du 15/5/1871 adressée à Paul Demeny : Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu ! Venant de lui le compliment n’est pas mince quand on sait le peu d’indulgence, de reconnaissance que le poète de Charleville portait à l’égard de ses congénères ! La valse de l’ambivalence baudelairienne, un thème de feu Bélier, mais enfermé dans la maison VIII : les épreuves, les souffrances, la pulsion de mort avec cette note mélancolique d’une conjonction Soleil Saturne « Le spleen de Paris », le mélancolique enflammé au verbe féroce : conjonction Mercure Pluton Mars ! La Lune/Cancer trigone Mercure Pluton (Jeanne Duval, métisse qui enflamma ses rêves d’érotisme) et carré Soleil Saturne (Marie Daubrun qui le fit souffrir et le délaissa pour un autre) parle de sa relation avec les femmes à la fois magnifiées et meurtries dans des poèmes comme « La chevelure » ou « L’invitation au voyage ». Cette Vénus/Bélier en VIII et maitresse de la II parle aussi de sa situation matérielle, de ses dettes. Malgré un héritage qu’il va dilapider, il sera sans cesse poursuivi par ses créanciers, obligé de changer d’habitat fréquemment, quarante domiciles à Paris ! Il meurt le 31/8/1867 rongé par la syphilis.

LÉO FERRE : 24/8/1916 16 h à Monte-Carlo (source E.N. Didier Geslain)

Comment ne pas parler de Léo Ferré qui chanta si merveilleusement les poètes ? Né sous une conjonction Vénus Lune/Cancer en VII, il porta à l’écoute des autres la beauté du verbe lié à la musique. Résonne dans cette conjonction le clavier harmonique, sensible, poétique de sa gigantesque œuvre écrite et musicale. Mais cette belle et fragile conjonction Vénus Lune/Cancer est encadrée par Saturne et Pluton où nous entendons la tristesse d’aimer. « Avec le temps » chanson bouleversante qui constate la faillite de l’amour confronté aux affres du temps. « Cette blessure » chanson sublime qui danse sur le fil de la tendresse et de la douleur. « La vie d’artiste » et les belles années qui passent vite. Cet encadrement sombre ne pouvait que le rendre encore plus sensible aux poètes, aux artistes frappés par la malédiction des hommes et de la vie : Villon, Rutebœuf, sans oublier le trio des maudits Baudelaire Rimbaud et Verlaine, mais aussi Van-Gogh, Mozart, Beethoven… Vénus maitrise Jupiter/Taureau au trigone du Soleil/Vierge, la puissance et la grandeur de l’œuvre qu’il a créée, dans ce thème Vénus maitrise la V (maison de la création) et le M.C. (maison du destin, de la réalisation sociale). Dans ce Mercure/Vierge IX et maitre de la VI se lit aussi son amour infini pour les animaux, dont « Pépée », cette chimpanzé à qui il voua une immense passion. Léo la tendresse, mais aussi Léo la colère devant les injustices Mars/Balance (angulaire au M.C.) sous maitrise de Vénus, la colère qui retentit pour préserver la beauté, l’harmonie et l’équilibre en chaque chose. Ce Mars soutenu par un trigone d’Uranus (quinconce Lune Vénus), ce sont ses indignations, ses coups de gueule. Se dresse aussi la figure de l’anarchiste dans ces deux trigones Soleil/Jupiter et Uranus/Mars, la liberté avant tout, la négation de toute autorité, ce qui donna naissance à quatre chansons phare de son répertoire : « Les anarchistes » « Ni dieu ni maitre » « Ils ont voté » « Y’en a marre ». Mais un anarchisme non propagandiste par les faits, mais dans sa dimension humaniste et utopiste. Selon ses propres paroles : L’anarchie est la formulation politique du désespoir, ce désespoir et ce besoin viscéral de solitude qu’il a tant chantés et qui résonnent dans son ascendant Capricorne. Il pousse à l’extrême sa vision pessimiste pour ne pas dire nihiliste dans sa chanson « Il n’y a plus rien ». Et puis, cette « Mémoire et la mer » qui nous transporte dans un au-delà du langage comme un rêve éveillé, cette chanson n’a pas et n’aura sans doute jamais son équivalent dans la chanson française.
Yes, I am un immense provocateur ! clame-t-il dans sa chanson « Le chien », et lui, l’anar, il le sera jusqu’au bout puisqu’il meurt le jour de la fête nationale le 14/7/1993

FRÉDÉRIC CHOPIN : 1/3/1810 18 h à Zelazowa Wola (Pologne)

Écouter Chopin c’est voguer vers cet ailleurs qu’est le mystère insondable de la musique. Cette fluidité subtile qui saisit et transporte vers un infini en soi. Comment ne pas entendre la douce mélodie analogique neptunienne de la triple conjonction Soleil Vénus Pluton des Poissons ? Soleil Pluton au trigone d’Uranus Scorpion : la fulgurance, l’éblouissement en teinte plutonienne qui donne toute sa gravité et son désespoir à son œuvre et à sa vie. La même triple conjonction au carré de Neptune Saturne Sagittaire : difficulté à trouver les puissances d’incarnations de l’amour, lequel trouve sa réalisation dans l’évanescence de la musique rattachée symboliquement à Neptune (maître du Soleil Pluton Vénus). Sans oublier la Lune Capricorne : l’âme blessée en quête éperdue de tendresse, de protection et d’amour. Georges Sand l’appelait mon petit, mon enfant, exprimant ainsi l’écho de cette Lune saturnienne plaintive vécu en sentiment d’abandon. Georges Sand dira de lui : Il ne sait pas lui-même dans quelle planète il existe pointant ainsi la nébuleuse tout en vastitude que symbolise Neptune. Le monde s’évanouit autour de moi de manière bien étrange dit-il. Ce Neptune conjoint à Saturne au F. C. exprime aussi ce déracinement, cet exil douloureux qui teinte ses compositions de mélancolie, on aime écouter Chopin pour soi, blotti dans sa solitude intérieure. Mars/Bélier trigone Neptune/Sagittaire, c’est son inépuisable énergie créatrice qui l’aide à dépasser les obstacles et les épreuves. Cette Vénus exaltée en Poissons à la sensibilité exacerbée en proie à ce trop de réceptivité, d’impressionnabilité sera sa source d’inspiration puisée à la source océane de la souffrance. Source aussi d’une situation financière (Vénus maitre de la II) exécrable dont les soins liés à son état de santé fragile n’arrangeront rien. La tonalité de ce thème se base sur le registre Neptune/Saturne lesquels conjoints au F. C. accentuent son intériorisation, son sentiment de solitude communiant avec l’univers. Dans cette conjonction, se déploient ses « Nocturnes » qui nous entrainent vers la nuit intérieur, là où la parole se fait murmure du crépuscule et laisse aux nappes marines toute l’étendue qu’il faut pour bercer l’âme et se détacher de la pesanteur terrestre. Frappé par la tuberculose, il meurt le 17/10/1849. Conformément à ses dernières volontés, son corps repose au cimetière du Père-Lachaise et son cœur à Varsovie dans un cénotaphe encastré dans un pilier de l’église Sainte Croix.